A l’heure où l’empreinte carbone du numérique est regardée de près par les entreprises, il est plus que légitime de s’interroger également sur l’impact environnemental des services Cloud, logiquement conséquent du fait de la consommation d’énergie nécessaire pour faire fonctionner et refroidir les Data Centers.
Greenwashing – Manque de Transparence Entreprise
Le Greenwashing est une fausse transparence des entreprises. C’est une stratégie de communication et de marketing qui vise à faire croire son éco-responsabilité via une publicité. On peut éviter Greenwashing avec la transparence qui est un facteur clé de succès pour les entreprises. Qu’est ce que la transparence des trois principaux cloud providers AWS, Azure et GCP? Selon clubic.com, un datacenter de Microsoft aux Pays-Bas a consommé quatre fois plus qu’annoncé. Est-ce pareil sur AWS et GCP? Afin d’identifier la maturité sobriété numérique et de mesurer de niveau de transparence des trois principaux cloud providers, cet article va comparer AWS, Azure et GCP via des aspects différents.
Émissions des Scopes 1, 2 et 3 & Neutralité Carbone
Les Scopes permettent aux organisations d’identifier les sources de pollutions qu’elles génèrent, et agir plus facilement pour les réduire. Afin de réaliser un bilan GES, les entreprises doivent analyser les émissions de GES émanant de leur périmètre d’activité et de celui de tiers. Les périmètres dans lesquels les émissions de GES sont analysées s’appellent scopes. Il y’a trois types de scopes (scope 1, 2 et 3)
- Scope 1
C’est le périmètre le plus restreint, il concerne les émissions directes de GES de l’entreprise fournissant les services cloud, cela inclut les émissions de GES liées aux opérations de l’entreprise, notamment les émissions de gaz d’échappement de pot des véhicules des employés, ou les émissions des systèmes de refroidissement et de ventilation des data centers, ainsi que les émissions de gaz réfrigérants utilisés pour maintenir les serveurs à une température adéquate.
- Scope 2
Les émissions indirectes de GES liées à la consommation d’électricité nécessaire pour faire fonctionner les data centers qui hébergent les services cloud. Cela peut inclure les émissions produites par la production d’électricité à partir de combustibles fossiles ou de sources d’énergies vertes.
- Scope 3
C’est un périmètre très large, représente toutes les émissions non incluses dans le scope d’émissions directes (scope 1) et des émissions indirectes liées à l’énergie (scope 2). Le scope 3 est le périmètre d’émissions le plus difficile à appréhender, il correspond aux émissions de gaz à effet de serre externes à l’entreprise, il concerne une multitude d’acteurs et de structures économiques, notamment les appareils des utilisateurs finaux, tel que les ordinateurs portables et les smartphones, mais également les câbles à fibre optiques utilisés pour connecter les utilisateurs aux data centers.
La Neutralité Carbone et Carbone Négatif donnent à penser que si l’entreprise génère autant d’absorption que d’émissions, elle annule purement et simplement son empreinte carbone, comme si les émissions de gaz à effet de serre à son activité avaient disparu. Cela revient à considérer que l’activité de ces entreprises ne contribue plus à l’accélération de la dérive climatique, et donc que tout impact climatique et tout risque de transition a disparu. Malheureusement, ce point de vue n’a pas de fondement scientifique et ne favorise pas l’action climatique.
Comparatif des Trois Principaux Cloud Providers AWS, Azure et GCP
Les trois cloud providers communiquent largement leur stratégie de ‘net zero’. Ils aident aussi leurs clients à comprendre, mesurer et réduire la consommation énergétique.
Engagements :
- AWS
Amazon a cofondé ‘The Climate Pledge’ en 2019, s’engageant à atteindre zéro émission nette de carbone dans ses activités d’ici 2040, y compris des plans pour alimenter ses opérations avec 100% d’énergie renouvelable.
- Azure
Son rival Microsoft s’est fixé pour objectif de devenir négatif en carbone d’ici 2030.
- GCP
Google Cloud, qui affirme être neutre en carbone depuis 2007 avec l’achat de crédits carbone à hauteur de ses émissions opérationnelles, et la consommation d’électricité avec 100% d’énergies renouvelables depuis 2017 et maintient qu’il exploite le « cloud le plus propre ».
Visualisation de l’Empreinte Carbone
Les principaux fournisseurs de cloud mettent à disposition des visualisations, permettant de connaître une partie des émissions de gaz à effet de serre des services utilisés. D’une part, les périmètres et les méthodologies de calcul divergent fortement d’un acteur à l’autre mais surtout elles manquent globalement de pertinence car elles portent sur un périmètre partiel et/ou utilisent un facteur d’émission inapproprié (market based, voir plus haut) pour l’électricité utilisée.
- AWS
Customer Carbon Footprint d’AWS permet aux clients de voir les impacts carbone estimés de leurs charges de travail AWS sur scope 1 et scope 2 jusqu’au niveau de service pour son service de machine virtuelle EC2 et son service de stockage d’objet S3. Les données de scope 3 seront disponible à partir de début 2024 aux utilisateurs selon computerweekly.com. Les clients peuvent également obtenir une estimation des émissions de carbone qu’ils ont évitées en utilisant AWS au lieu des data centers on premise. On regrette de la part d’AWS un manque de maturité de leur services de Green IT.
En plus, pour augmenter la visibilité de l’empreinte carbone, les clients d’AWS peuvent télécharger des fichiers CSV et construire un data pipeline en utilisant des services natifs d’AWS.
- AZURE
Nous pouvons visualiser les émissions carbone d’AZURE via Power BI (Azure Emmission Impact Dashboard + Licence PowerBI Pro), grâce aux tableaux de bord, qui vont permettre aux clients de suivre, de générer des rapports et de réduire les émissions de carbone associées à leur utilisation de cloud Azure. Ces tableaux de bord permettent également d’explorer les émissions des différents scopes 1, 2 et 3. Néanmoins Microsoft n’a pas précisé leur périmètres dans la méthodologie de scope 1 et n’a pas inclus les émissions liées au transport dans le scope 3.
Microsoft Cloud for Sustainability API en preview facilite la surveillance de la consommation carbone d’Azure et de Microsoft 365 avec un seul portail pour les clients.
- GCP
L’outil Carbon Calculator pour GCP, fourni par Google, permet de calculer et surveiller l’empreinte carbone des services de cloud Google Cloud Platform par produit, projet et région, en utilisant les trois scopes 1, 2 et 3. Google met à disposition un tableau de bord intégré à la console qui permet aux clients d’avoir une première vision sur leur empreinte carbone. Avec la fonctionnalité de l’export automatique sur BigQuery, les clients peuvent analyser la consommation de carbone plus en détail. Google est assez transparent sur les éléments pris en compte et ceux non pris en compte.
Dans GCP, nous avons aussi la possibilité d’héberger nos ressources dans les régions les plus vertes, grâce à l’interface graphique Google Cloud Region Picker qui permet aux utilisateurs de choisir la région ou le datacenter. En utilisant cette interface, les utilisateurs peuvent visualiser et sélectionner les régions disponibles dans GCP en fonction de leurs besoins en terme de latence, de disponibilité des services et de conformité réglementaire.
Qu’en est-il des trois principaux cloud providers AWS, AZURE et GCP?
AWS est le leader du marché cloud public, mais il n’est pas le plus avancé sur le domaine GreenOps. Pour le moment AWS ne peut identifier que le scope 1 et le scope 2. En plus, les clients d’AWS ne voient que la consommation de EC2 et S3 sur la console, et il y n’a pas d’API disponible pour analyser la consommation carbone plus en détail. En revanche, GCP a fait tous les efforts pour avancer sur les sujets GreenOps. Par ailleurs, Azure vient de mettre en place une API (en preview) pour exporter la consommation de carbone de tous les services. Pour conclure, les clients ont besoin que les cloud providers fournissent plus d’informations afin de réduire leur consommation carbone.
Avoir des évidences pour s’assurer que les gestes d’optimisation des émissions carbone portent leurs fruits est primordial. Lorsqu’on optimise les coûts sur le cloud, on peut constater directement et rapidement le résultat dans la facture. On n’a pas la même vélocité sur la partie GreenOps car les gains des optimisations sont plus théoriques et souvent basées sur des extrapolations des coûts. Mais les gains sont-ils réels? C’est la nature qui nous présentera la facture, pas à la fin du mois, mais plutôt dans plusieurs années, voire plusieurs siècles.